Archive for juin, 2020

Booklog de juin

Bonjour à tous ! Revoici le booklog en version papier, avec quelques très livres ce mois-ci… du bon et du moins bon 😉

J’aime lire !

Voici donc ma sélection du moment :

  • Comment rendre nos idées claires: La logique de la Science par Charles S. Peirce.
    Philosophe, fondateur du courant pragmatiste avec quelques autres, Peirce expose quelques unes de ces idées dans ce livre. C’est rapide à lire et ça fait réfléchir, même si c’est pas le clou de la sélection du mois.
  • Lettres à Alan Turing par par plein de monde sous la direction de Jean-Marc Lévy-Leblond.
    L’ouvrage est collectif : il s’agit de lettres « envoyées » à Turing par quelques grands noms. Sans aucune surprise c’est donc très inégal puisqu’on va de textes très convenus, d’autres qui réécrivent un peu l’histoire, et certains très intéressants. Dans tous les cas je pense que cela vaut le coup d’être lu car à tout le moins cela donne des informations sur notre époque et sa perception du « phénomène » Turing.
  • La théorie de la relativité restreinte et générale par Albert Einstein.
    Il y a de nombreux physiciens qui ont écrit à propos de la relativité, parmi eux il y a celui-ci, Albert Einstein. Même si le livre date de 1916, on a l’impression qu’il maitrise plutôt bien le sujet, ce qui est appréciable.
    Blague à part c’est toujours intéressant d’avoir l’explication par celui qui est à l’origine du sujet, et c’est finalement pas si dur que ça à lire (enfin c’est mon avis) pour quelqu’un qui a 2/3 notions de maths.
  • La Désobéissance civile par Henry D. Thoreau.
    Thoreau est un personnage que je trouve personnellement très fascinant, philosophe qui a théorisé la désobéissance civile, il a aussi choisi de se rapprocher d’une vie plus simple, dans la nature, pendant quelques années (ce qui lui a permis d’écrire un livre – Walden Pond – sur le sujet). Pour l’anecdote, le terrain de Walden Pond où il s’était retiré en partie appartenait à Ralph Waldo Emerson.
    Bref, un livre que je vous conseille vivement, et qui quelque part mérite d’être plus lu à notre époque.
  • Hipsters par Norman Mailer.
    J’ai le sentiment d’avoir déjà proposé ce livre dans le booklog. Mais je pense que si vous ne l’avez pas lu vous devriez le faire maintenant.
  • Hands-On Machine Learning with Scikit-Learn and TensorFlow : Concepts, Tools, and Techniques to Build Intelligent Systems par Aurélien Géron.
    Bon là c’est le bouquin technique du mois 😉 Si comme Sylvain V. qui est un visiteur régulier du booklog vous hésitez entre R et Python, vous découvrirez grâce à cet excellent libre comment utiliser scikit-learn efficacement, vous aurez aussi pas mal d’insights sur tensorflow (perso je suis pas super fan donc bon joker). C’est très bien écrit, la progression pédagogique est là, pour moi c’est un bouquin indispensable si vous êtes intéressé par le machine learning (et par faire du Python).

Et voilà, c’est terminé pour ce booklog, bonne lecture !

Télétravail, travail à distance, travail à la maison

Avec la période du confinement on a beaucoup eu l’occasion d’évoquer les problématiques autour de la notion qui semble floue pour beaucoup de télétravail et de travail à distance/à la maison. « Evoquer », « notion floue », je n’utilise pas ces mots par hasard, il y a clairement une compréhension très diverse de tout ça, ce qui m’a permis de me prendre la tête périodiquement avec pas mal de monde à ce sujet (c’est aussi à ça que servent les réseaux sociaux d’ailleurs).

Pour commencer je vais bien entendu partir de l’anecdotique et donc de mon expérience personnelle. Vu les différents métiers que j’ai pu faire depuis ma prime jeunesse (hors la poissonnerie), je fait du travail « où je peux » depuis toujours et ça m’a toujours bien plu. Et quand j’ai quitté l’Université pour monter les ix-labs, je tenais à avoir des bureaux, mais aussi à avoir la flexibilité maximale (pour bosser en voyageant, pour que les collaborateurs puissent choisir leur mode de travail, etc.).
Les ix-labs, c’est une entreprise qui est en mode télétravail pour tout depuis toujours (tout sauf les formations que nous avons choisi jusqu’ici de faire en présence, ce qui va changer au moins en partie prochainement). Pourtant nous avons toujours eu des (grands) bureaux. Nous avons également le choix d’être dans les bureaux, chez soi, ou ailleurs pour travailler.

Comment est-ce possible ? Car l’entreprise est organisé en télétravail. C’est mon premier point : le télétravail ce n’est absolument pas une caractéristique de la localisation d’un travailleur, c’est d’abord un mode d’organisation d’une entité. Le mode télétravail c’est faire en sorte que la localisation de chacun ne soit ni un obstacle ni une nécessité à toutes les tâches qui ne sont pas physiquement attachées à un lieu (les activités de la plupart des artisans, des ouvriers, des commerçants, ne sont donc pas compatibles avec ce mode d’organisation).

Dans certains secteurs très tertiarisés c’est donc possible dans des proportions conséquentes. Et cela passe par la mise en place de routines pensées à l’avance. Une des premières choses c’est les modes de communication : gommer l’importance de la localisation cela veut dire rendre asynchrone la quasi totalité des communications. Cela a un bénéfice évident quand chacun est à un bout de la planète, avec des rythmes différents, mais cela a aussi un intérêt quand on est dans le même bureau : on peut éviter de s’interrompre à tout va (les développeurs comprendront immédiatement l’intérêt). Une deuxième chose est de raisonner en tâches et plus en temps (avec alors la difficulté nouvelle de bien calibrer les charges de travail). Une troisième chose est de construire un nouveau modus operandi/vivandi pour éviter les interférences vie au travail versus vie privée.

Il y a bien entendu un impact en terme d’outils, car qui dit nouvelles routines de travail dit outils dédiés. On parle partout des outils de visioconférence comme étant emblématique du télétravail. Allez je le dit : C’EST DU PIPEAU. Remplacer des réunions laborieuses tous dans la même petite salle par des réunions encore plus laborieuses (logiciels de visio buggés, mauvaise cam, micro basique, chat qui miaule, enfants en embuscade, etc.) n’est pas faire du télétravail, c’est juste faire la même chose en plus pénible.

C’est pareil pour la formation : nous avons toujours privilégié la présence, plus adapté à nos habitudes pédagogiques. Nous sommes en train de revoir notre offre pour pouvoir former à distance. Cela impose de revoir nos méthodes, c’est un gros travail qui ne se fait pas en 1 mois, ni même 2 mois, si on a pas réfléchi à l’avance à une multitude de détails. On ne peux pas juste prendre les slides utilisés au videoproj, et mettre le tout dans zoom et commencer à parler. En faisant ça on pallie au plus pressé, mais en mode clairement dégradé.

L’avantage d’une organisation pensée « télétravail », c’est souvent qu’elle va avec des plans de contingence pour pas mal de soucis. Après quelques mois de télétravail (en régime normal), on va avoir eu une multitude de micro-problèmes (par exemple un enfant ou deux malades pendant une journée, plus de connexion, un collaborateur qui ne donne pas de signe de vie pendant quelques heures) et soit on aura décidé de faire revenir tout le monde au bureau (ça arrive dans des grandes boites pas très « agiles »), soit on aura un plan de contingence.
Dans le confinement, un certain nombre de boites n’ont pas été autant affectées que d’autres du même secteur, c’est souvent parce que justement ces micro-plans pouvaient s’étendre à plusieurs jours, ce qui sans permettre de travailler totalement normalement a pu permettre de maintenir le bateau à flots.

Dans d’autres domaines (je pense en particulier à la fonction publique que j’ai pu observer en action jour après jour dans la pièce d’à coté) les structures n’ont jamais fait ce changement de mode de travail, ce qui a posé des problèmes extrêmes : ceux qui à juste titre ne pouvaient pas bosser ou très peu (parents de jeunes enfants par exemple) ont été totalement mis hors du coup, avec arrêt des activités associées assez souvent et au retour le sentiment d’être au final inutile, d’autres passaient la moitié de la journée en réunion à donner des tâches et à synchroniser des personnes qui ne savaient pas gérer leur travail en autonomie, etc. Certaines entreprises se sont effondrées de l’intérieur et ont perdu totalement ou presque leur activité.

Au final, ce qui est à mon sens le plus dommageable c’est que maintenant la plupart des gens pensent que le télétravail c’est ce qui s’est passé pendant le confinement. J’espère que vous serez d’accord avec moi que ce n’est pas le cas : la plupart des travailleurs qui étaient chez eux ont travaillé à la maison, c’est le même travail qu’avant, mais à distance. Le télétravail ça aurait été de réaliser les mêmes livrables, mais en travaillant différemment.

Pour finir, comment on sait qu’on est dans une entreprise qui « télétravaille » ? Une fois qu’on a l’équipement matériel et logiciel, c’est très simple : si on peux faire son boulot depuis n’importe quel endroit à n’importe quel moment de la semaine et de la journée, sans que l’entreprise ne soit ralenti dans son activité, alors on est dans un endroit qui a fait sa mutation en terme d’organisation du travail.

Voilà, c’est fini pour cet article, les commentaires sont possibles, avec politesse et courtoisie bien entendu 😉