Archive for décembre, 2015

Amusement permanent et sens de la vie

C’est après avoir lu les billets de Victor, Laurent et Bertrand que j’ai eu à mon tour envie d’écrire sur le sens de mon travail, sur la perception des autres et sur le plaisir que j’ai à faire ce que je fais au jour le jour. En plus, la période de Noël est généralement assez propice à cela.

Ce n’est pas un secret, j’ai un parcours très différent des trois cocos mentionnés au début de ce billet. J’ai fait des études longues, pas tant parce que c’était mon plan à l’origine, mais parce que j’ai bossé pendant tous les week-ends comme poissonnier, ce qui m’a motivé à étudier pour trouver un travail que je serais susceptible de ne jamais regretter. Après ma thèse, je suis donc devenu enseignant-chercheur (tout en faisant des « ménages » en tant que consultant à coté). J’ai découvert le SEO en 2003/2004, en dilettante et principalement parce qu’avec Guillaume on gérait le site krinein. En tant qu’enseignant-chercheur, j’ai choisi un de ces métiers qui sont, en théorie au moins, utiles à la société. Dans la quête de sens que certains mettent en avant (comme Victor) par exemple, ce genre de job est en haut de la liste, avec la satisfaction double de faire avancer la science, et de former les jeunes.

Pourtant, au fur et à mesure des années, j’ai été de moins en moins heureux dans le milieu académique et j’ai choisi d’en partir (au moins provisoirement) en 2014. En même temps, le milieu SEO (et plus globalement le milieu du web), qui est moins porteur de sens d’une certaine manière, est beaucoup plus satisfaisant. Pourquoi ? parce qu’il y a une composante très importante : l’amusement au travail. Le milieu académique a perdu le « fun », les contraintes administratives et financières rendent les journées bien longues et bien loin du diptyque science & enseignement. A contrario, dans le SEO/web tout est amusant, on passe son temps à jouer avec des gros jouets : Google et le web, et c’est fun.

Actuellement, je m’occupe des ix-labs, et de mon point de vue j’ai le meilleur des deux mondes. Je fais de la recherche et je contribue donc toujours à l’avancée de la science (même si les applications sont plus importantes pour moi qu’auparavant), et en plus cette recherche c’est moi qui en choisit les objectifs, et je n’ai pas à quémander des moyens à des institutions totalement déconnectées des priorités de recherche, mais aussi des priorités de la société civile, des entreprises, etc. Par ailleurs, j’ai toujours une activité de formation, de dissémination, de vulgarisation, et de conseil. Bref, c’est le fun et le sens à tous les étages !

Voilà en vrac quelques uns de mes (petites) réflexions sur tout cela :

  • Il faut être égoïste d’abord pour s’épanouir dans son travail. 
    Avant de chercher à être utile à la société ou à son entreprise, il faut trouver une satisfaction personnelle qui va pousser à continuer dans son travail. Pour moi, c’est le challenge de la nouveauté : trouver des solutions (algorithmiques généralement) à des problèmes divers, apprendre et voir des nouvelles choses, etc. Pour d’autres cela sera peut-être un tout autre objectif qui sera important comme voyager beaucoup, être au grand air, etc. Mais dans tous les cas il faut trouver le « fun » au travail.
  • On ne peut pas plaire à tout le monde.
    Vous aurez toujours des gens qui ne vous aiment pas, quelle que soit la raison qui les poussent à cela. Dans le milieu de la recherche certains collègues m’ont accusé de vénalité, d’être trop près de l’industrie, de faire du clientélisme (car les étudiants étaient plutôt positifs concernant mes cours). Ailleurs on m’a reproché d’être chercheur, et donc d’être quelqu’un incapable de faire quelque chose d’applicable. Dans tous les domaines, toutes les communautés (pareil chez les SEOs, les datascientists, etc.) il y aura toujours une poignée de personnes qui ne vous aimeront pas, ne vous en préoccupez pas.
  • « J’aime mieux avoir des remords que des regrets. » Oscar Wilde
    Ne vous limitez pas vous-même. Si votre situation ne vous convient pas, agissez pour qu’elle change. Ce sera peut-être long et difficile, ça sera peut-être un échec, mais vivre tristement toute sa vie n’est sans doute pas la meilleure des choses.
  • Donnez vous les moyens de vos ambitions.
    Je suis en phase avec Laurent : « c’est le plus acharné qui gagne » et « t’iras te chercher le respect ». Votre « devoir » vis à vis de vous-même est une obligation de moyens. Il faut bosser, il faut rebosser, et il faut rerebosser. Après, si un projet foire alors que vous avez bosser dur, et bien bosser, et bien c’est la vie, et c’est pas grave, ni pour vous, ni vis à vis des autres.
  • C’est vous qui décidez du sens de votre vie, pas les autres.
    Dans son billet, Victor dit « Ma vie est dénuée de sens car mon job ne fait tout simplement pas progresser la société et les gens qui m’entourent« . C’est une manière particulière de donner du sens à sa vie, mais elle est loin d’être unique. C’est à chacun d’avoir sa propre quête de sens, d’autant plus la notion même de progrès de la société est loin d’être claire, et est souvent propre à chacun.

Voilà, j’en ai fini avec mon billet approuvé par l’institut des philosophes et psychologues de comptoir^^. A ma décharge, 2015 fût une année compliquée, ceci expliquant cela.

Sur ce, un joyeux noël et n’abusez pas trop lors des repas !

 

 

[books] Les livres pour apprendre R

Avec le buzz actuel autour de la data science, de nouveaux outils arrivent sur le devant de la scène. Quand je dis « nouveaux » c’est un peu une exagération car la plupart existaient déjà, mais ils deviennent très visibles et populaires. Parmi ceux-ci, il y a R, un logiciel d’analyse statistique, qui permet de faire du traitement de données, de la visualisation. R est gratuit, R est plein de fonctionnalités grâce à une communauté très active qui release de nombreux packages.

Bref, vous devinez que pour moi R est un outil indispensable, et à vrai dire je m’en sers intensivement, quotidiennement, pour faire du prototypage mais aussi des outils qui sont en production.

Apprendre R, c’est facile quand on est informaticien, mais c’est facile aussi dès qu’on a l’habitude de l’outil informatique (vous remarquez la nuance), ce qui est par exemple le cas de beaucoup de webmasters et webmarketeurs. Il n’y a pas vraiment besoin de suivre des cours, il suffit d’avoir les bons bouquins et de prendre du temps pour apprendre.

Voici donc mon avis sur quelques livres utiles pour apprendre R, que vous pouvez mettre sur votre liste au gros barbu qui mets des paquets au pied du sapin (et en plus, j’ai mis mes liens d’affiliation^^).

R in action
Il s’agit d’après moi d’un des meilleurs livres pour apprendre à se servir de R. Édité par Manning, qui est sans doute l’un des meilleurs éditeurs de livres techniques en anglais, ce bouquin vous mènera de l’installation jusqu’à une utilisation très correcte de l’outil. Rien que pour les chapitres de la partie I il vaut le coup, ensuite les sujets sont plus orientés statistiques que outils pour le web, mais c’est quand même à lire.

Practical Data Science with R
Toujours chez Manning, il s’agit d’un livre que j’ai beaucoup apprécié car il est structuré « par l’exemple », une démarche appréciable pour la plupart des praticiens de R. Même si vous n’êtes pas un statisticien, même si vous avez appris l’informatique sur le tas, ou encore même si vous êtes encore étudiant, vous pourrez résoudre des problèmes intéressants, vous pourrez faire des visualisations au top en étant guidé. Certains chapitres sont vraiment au top, c’est par exemple le cas de celui sur le clustering, qui est très clair et utile.

Initiation à la statistique avec R
Voici un livre en français qui introduit R rapidement, et qui est ensuite plus un cours de statistique pour les étudiants de licence avec un soutien informatique en R. J’en parle principalement parce qu’il est facile à lire, mais ce n’est pas celui que je vous conseille si vous êtes dans le web.

R for everyone
Ce livre là est clairement en compétition avec « R in action » proposé plus haut. Un livre d’excellente tenue, et qui a le bon goût d’être basé sur ggplot2 pour la réalisation des visualisations de données, ce qui est bienvenue car il s’agit de très loin du meilleur package pour faire les graphiques en R.

Voilà, avec ça vous avez de quoi vous occuper pendant un petit moment 😉 Si vous ne devez en prendre qu’un : prenez R in action ou R for everyone, avec peut-être une préférence pour le second.